Rencontre avec le Professeur Romain Coriat – Hôpital Cochin

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Un grand merci au Pr. Romain CORIAT d’avoir pris le temps de dialoguer avec nous sur la place du pharmacien d’officine dans la délivrance des thérapies orales et plus largement sur le rôle des pharmaciens dans le parcours de soin des patients cancéreux.

Romain, est gastro-entérologue et responsable de l’unité fonctionnelle  d’oncologie digestive au sein de l’Hôpital Cochin, établissement de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris.

Cette entrevue rentre dans le cadre des rencontres que nous avons pris l’habitude de faire depuis 3 ans,  avec des confrères médecins spécialistes, pour partager avec eux l’actualité du congrès et leur vision de la place du pharmacien d’officine en oncologie.

Le constat est sans appel pour Romain. Devant la pénurie de médecins généralistes au niveau national, les amplitudes horaires colossales auxquelles ils doivent faire face et la saturation des consultations, le médecin généraliste n’est plus en capacité de jouer  son rôle de coordination dans le domaine de la cancérologie. Par conséquent, les patients s’appuient principalement sur les équipes soignantes dans les établissements de soins et sur d’autres professionnels de premier recours en particulier, leur pharmacien  d’officine.

Nous l’avons vu dans une précédente brève, les appels téléphoniques dans les services peuvent vite devenir ingérables à traiter. Ainsi le pharmacien d’officine est parfaitement légitime pour prendre le relais en proximité.

Il a les compétences d’un spécialiste du médicament, il peut gérer les effets secondaires, les trier, apporter des solutions pour les EIs de gravité minimes et orienter si nécessaire vers l’équipe soignante dans les situations plus complexes. Ce rôle va vraisemblablement se renforcer dans les années à venir.

Dans ce contexte, Romain, souligne l’importance de développer des systèmes de communication et de partage avec le médecin spécialiste notamment par l’intermédiaire d’une messagerie cryptée dans laquelle le pharmacien pourrait faire part en quelques mots de la situation d’un patient. A ce jour, il n’a pas d’expérience de programme de ce type dans son service en raison de l’éclatement géographique des interlocuteurs potentiels. En effet, 30% de la patientèle est localisée à proximité de l’hôpital et 70% à distance dont 30% à plus de 30 km.

A l’heure actuelle, devant la charge de travail du service, l’objectif est plutôt de « protéger » le service vis-à-vis du temps que ce type d’intervention nécessite. Pour cela, une infirmière de coordination dédiée à la gestion des toxicités a été mise en place.

L’infirmière réalise une consultation d’annonce pendant laquelle elle rencontre le patient. Deux jours avant chaque chimiothérapie, l’infirmière appelle le patient pour prendre un certain nombre d’information sur l’état physique et psychique du patient. Pour se faire, elle suit une check-list standardisée. Deux jours après l’injection de la chimiothérapie, l’infirmière rappelle le patient, de même à 5 jours pour s’informer de l’état du patient.

Cette méthodologie permet de :

  • réduire le nombre de passage aux urgences
  • réduire le temps de passage en hospitalisation de jour
  • augmenter le niveau de satisfaction des patients
  • diminuer les destructions de poches de chimiothérapie

Tout cela sans surcoût pour les patients, ce qui est largement apprécié.

Une organisation similaire est mise en place pour les thérapies orales et adaptée en fonction des demandes de chaque patient. Il n’y a pas de standardisation des réponses lors des contacts téléphoniques.

Par ailleurs, le service d’oncologie digestive développe une application IPAD qui apportera une aide à l’infirmière lors de la consultation d’annonce avec protocole personnalisé de soins remis au patient.

Prochaine étape, la création d’un algorithme de prise en charge des EIs liés aux thérapies orales.

Enfin, il n’existe pas de conciliation pharmaceutique excepté au niveau de l’hôpital de jour. Ce travail réalisé par le pharmacien hospitalier permet de détecter 20 à 30% d’interactions médicamenteuses potentielles et seules 5% sont considérées comme étant à risque et engendre un changement de prescription. Les prescripteurs s’appuient sur un logiciel de prescriptions informatisés permettant de minimiser les risques.

JS – FV

 

 

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