Les inhibiteurs de la tyrosine Kinase et le risque cardiovasculaire

Une équipe américaine a réalisé une étude rétrospective cas-temoins sur 354 patients traités par ITK versus 354 patients témoins non traités par ITK. A l’inclusion, les caractéristiques des deux groupes sont similaires notamment au niveau des co-morbidités.

A US study shows the negative impact of TKI regimen on cardiovascular diseases. We are presenting the key steps and specific tools in order to achieve an effective delivery.

Les résultats montrent que l’incidence cumulée des évènements cardiovasculaires à 12 mois est significativement plus élevée pour les patients sous ITK versus les patients témoins (p<0.01). La fréquence des évènements sévères est également significativement supérieure (p=0.02). Par conséquent, une attention particulière doit être envisagée pour les patients sous ITK ayant des antécédents de dyslipidémie (risque augmenté par 2), maladies coronariennes (risque augmenté par 4.6), infarctus (risque augmenté par 11) et BPCO (risque augmenté par 5).

En pratique pour l’officinal

Les patients sous TKI sont de plus en plus nombreux. Nous avons la chance de pouvoir délivrer ce type de traitement au comptoir. Cependant, lors de la délivrance et du renouvellement, nous devons porter notre attention sur plusieurs facteurs afin de sécuriser la dispensation.

Tout d’abord vérifier la dose et la durée du traitement. La plupart des traitements sont à une ou plusieurs prises par jour avec des interactions potentielles avec l’alimentation. Pour vous aider, nous avons publier une liste des principaux médicaments oraux anti-cancéreux avec leur plan de prise. (Cf. Blog – « Les devoirs du soir »).

En effet, la solubilité, les transporteurs passifs ou actifs au niveau gastrique, l’effet de premier passage gastrique et hépatique sont autant d’éléments que le prescripteur doit anticiper. Cette situation est encore plus exacerbée lorsque l’on s’intéresse au sous-groupe des inhibiteurs de la tyrosine kinase (TKI) qui ciblent la partie intracellulaire du récepteur, contrairement aux anticorps monoclonaux, qui ciblent la partie extracellulaire du récepteur.

Ainsi les TKI doivent avoir des propriétés biochimiques uniques pour atteindre leur cible. Ils doivent être suffisamment hydrosolubles pour atteindre une cible intracellulaire mais ils doivent également être liposolubles pour se fixer sur le site de la kinase. Cette combinaison liposolubilité et hydrosolubilité rend les TKI très sensibles aux effets de la prise alimentaire résultant le plus souvent par une augmentation de la biodisponibilité avec un impact clinique significatif (i.e. >50% d’augmentation de la biodisponibilité).

La deuxième étape est de renforcer par votre discours, la bonne décision du clinicien dans son choix de traitement. En effet, nous avons souvent le réflexe d’aborder largement les effets secondaires du traitement sans toutefois rappeler au patient que son médicament est un traitement efficace. Pour qu’il donne toute son efficacité, il faut s’attacher à respecter des règles de bonne prise, au bon moment, à la bonne posologie en l’informant de certains effets secondaires tout à fait gérables à partir du moment où ils sont détectés précocement. Pour cela de nombreuses fiches professionnelles et fiches patients sont disponibles sur le net (Omedit Bretagne, Omedit Haute-Normandie, Réseau Onco Hémato du Limousin, l’INCA, le site Meddispar, la SFPO, Thecitox…).

Il est important de rassurer le patient en lui donnant la possibilité de vous contacter dés qu’il y a un problème. En parallèle, nous avons l’obligation de réaliser une conciliation pharmaceutique afin de vérifier l’absence d’interactions médicamenteuses notamment chez un patient ayant des comorbidités. Pour cela nous avons également une série d’outils nous permettant d’effectuer les vérifications (Drug Interactions Checker, Pim-check®, Thésaurus National, Publications, Thériaque, SiteGPR…).

De même, entre 40% et 80% des patients font appel à de la médecine complémentaire pour notamment réduire l’inconfort lié à la maladie et au traitement. Dans ce cadre, le questionnement ouvert est primordial d’autant que ce sont en général des patients que nous connaissons bien à la pharmacie. Plusieurs outils sont disponibles pour vous aider à évaluer la situation (Natural Med. Comprehensive Database, Natural Standard, Memorial Sloan Kettering Cancer Center (NY), Longwood herbal task force, NCCIH (NIH)… ). Il s’agit en règle générale de base de données américaines, certaines payantes qui permettent d’anticiper des risques d’interactions médicamenteuses.

Enfin, d’autres aspects sont à prendre en compte comme les conseils que le restant de l’équipe peut apporter dans le cadre de la gestion des effets secondaires liés à au cancer et aux traitements en proposant une complémentation ciblée. Voici pour exemple tous les univers du patient pouvant subir des modifications au cours de la maladie:

–les douleurs,

–les bouffées de chaleur,

–les troubles digestifs et par effet rebond la perte de masse,

–les troubles sexuels,

–les problèmes urinaires,

–la fatigue,

–la sécheresse buccale,

–l’anxiété et le stress,

–la dépression,

–le lymphœdème,

–les troubles musculo-squelettiques.

La liste est longue et nous avons quelques solutions à proposer chacun dans ses compétences.

Pour terminer, la délivrance des TKI nous incombe, cependant il peut être très utile d’informer le médecin généraliste que son patient est sous tel traitement en lui envoyant un courrier avec notamment une copie d’une fiche professionnelle de présentation de la molécule.

Comme vous le constatez, la délivrance d’un TKI ça se prépare…

Abstract 6596 – P.J. Hurley

JS

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