Dépistage des cancers bronchiques: pas si simple

La problématique du dépistage des cancers bronchiques est un sujet récurrent compte tenu du pronostic péjoratif de ces cancers. La possibilité de pouvoir identifier une population à risque afin de dépister précocement un cancer constituerait une grande avancée.

The importance of effective smoking cessation and lung screening programs are of interest. However the strategies for implementing these programs remains highly chalenging.

Nous nous sommes intéressés tout d’abord à un sujet crucial pour tous les professionnels de santé à savoir l’arrêt du tabac. En tant qu’officinal, nous avons un rôle primordial dans ce domaine au même titre que nos confrères médecins.

En effet, il n’est jamais trop tard pour bien faire et cet adage prend toute sa dimension dans le domaine du sevrage tabagique et du cancer. Le tabac est sans conteste, LE facteur causal principal de cancer. C’est un état de fait largement démontré et le sevrage tabagique améliore le pronostic des personnes atteintes de cancer quelque soit le moment de l’arrêt. Le tabac est également à l’origine d’une augmentation de la mortalité toute cause confondue.

Malgré cette situation connue de tous, les études américaines montrent que dans plus de 90% des cas, l’oncologue pose la question de la consommation de tabac, de l’intérêt du sevrage mais dans seulement 40% des cas, il traite activement la question avec plus ou moins de succès.

C’est dans ce contexte que la mise en place d’un programme spécifique de sevrage tabagique est nécessaire. Elle doit s’appuyer sur des bases similaires à notre démarche d’éducation thérapeutique du patient.

Par contre, des questions restent en suspend:

  • Quel est le bénéfice réel du sevrage?
  • Quel est le moment le plus opportun pour débuter la démarche?
  • Dans quelle mesure les effets sont dose-dépendants?
  • Quels sont les risques liés au sevrage?
  • Quels sont les marqueurs permettant d’évaluer la réponse au sevrage?
  • Quelles sont les alternatives thérapeutiques?

En pratique pour l’officinal

Malgré tout, la place que peut jouer l’équipe officinale dans le conseil et le suivi de patients désireux de débuter un sevrage tabagique est majeure. L’impact du tabac sur l’ensemble des processus tumoraux et sur la baisse d’efficacité des traitements anticancéreux surpasse les interrogations que l’on peut avoir quant à la mise en place de programmes de sevrage tabagique structurés.

En 2015, l’Institut National du Cancer (e-cancer.fr) a lancé une campagne en ligne sur les facteurs de risque de cancer et sur la relativité des risques les uns par rapport aux autres car nombreux sont les personnes qui n’imaginent pas bien l’importance du tabac par rapport à tous les autres facteurs de risque dans la survenue d’un cancer (vous connaissez ce patient: « je fume mais avec ce que l’on respire dehors, pourquoi m’arrêter ? »). De même, des études récentes ont montré l’importance de débuter un sevrage durant les traitements du cancer car le tabac diminue leur efficacité et cela aggrave le pronostic du patient quelque soit la localisation tumorale. Certaines équipes officinales ont mis en place des entretiens structurés pour aider les personnes (pas forcément atteintes d’un cancer) dans cette démarche. Il n’est donc jamais trop tard…

Le Dr D. R. Aberle a ensuite, discuté la place du dépistage des cancers bronchiques en s’appuyant sur l’imagerie et sur les nombreuses recommandations existantes. Elle a participé à l’une des plus grandes études de dépistage dans le cancer du poumon (National Lung Screening Trial – NLST) qui a recruté 53000 fumeurs ou ancien fumeurs.

Les programmes de dépistage doivent pouvoir répondre à deux questions:

  • Qui dépister ? (Prédiction du risque)
  • Quels sont les nodules cancéreux ? (Prédiction du diagnostic)

L’étude du NLST a mis en évidence la possibilité d’éviter un décès par cancer tous les 320 patients dépistés avec un taux de faux positifs compris entre 10 et 20%.

D’autres études ont été réalisés avec des critères d’inclusion différents et relativement nombreux.

L’interprétation des données d’imagerie permet d’identifier les nodules susceptibles d’être cancéreux (taille, consistance, spiculation, localisation). Des outils standardisés existent comme le LungRads® développé par le Collège Américain de Radiologie.

En pratique pour l’officinal

En 2014 , la Haute Autorité de la Santé a édité une note de cadrage suite aux résultats de l’étude NLST intitulée: « Évaluation de la pertinence d’un dépistage des populations fortement exposées au tabac en France ».

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2014-12/note_de_cadrage_cancer_du_poumon.pdf

« …Les experts sont favorables à un dépistage individuel en France dans certaines conditions et après avoir informé les sujets des avantages et des risques. La population cible comprend les sujets âgés de 55 – 74 ans, fumeurs ou avec antécédents de  tabagisme de 30 PA (Paquet-Année: nb de paquet/j x nb d’année de tabac), qui doivent être informés sur les avantages de l’arrêt du tabac. Le dépistage doit mobiliser le scanner à faible dose avec des modalités spécifiques. Des critères de positivité de la scanographie thoracique et des algorithmes pour les examens positifs sont donnés. Les auteurs indiquent que le dépistage individuel nécessite une évaluation rigoureuse et une recherche précise afin de potentiellement développer une politique de dépistage du CBP (Cancer broncho-pulmonaire). Les auteurs rappellent néanmoins que beaucoup de questions restent non résolues et qu’une évaluation rigoureuse est nécessaire… »
A suivre.
JS
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